L’ombre des volets projette sur le mur des horizons indécis.
O nuit, ton silence est profond.
L’instant suit l’instant, identique à l’instant.
Séquence plan fixe, immobile, immuable. Contemplation obsédante et tranquille.
Comme un veilleur attend l’aurore…mon âme attend… des profondeurs, je crie…
Parfois les reflets des phares d’en bas dessine une danse lumineuse sur le plafond rectiligne.
Sois sage ô ma douleur… La lumière aussi se tait. …et tiens-toi plus tranquille.
Une sonnette, comme un cri. Des pas résonnent, la peur les précipite.
« Sur une échelle de 1 à 10 où situez-vous la douleur ? » On ne peut partager la douleur, mais la mesurer… ? C’est une belle question qu’on doit apprendre dans les écoles d’infirmières. La jeune femme est sans doute une stagiaire, elle n’aurait plus sur ce beau visage cette lueur de compassion que le métier, l’expérience et le dur labeur vous ôtent à la longue de votre registre d’expression. Le regard dit pourtant l’intérêt et pas seulement la curiosité professionnelle, un rien d’inquiétude qu’elle tente de dissimuler d’un sourire complice. Un luxe merveilleux sur ce visage rayonnant bien plus beau que tous les maquillages sophistiqués.
J’invente des barreaux supplémentaires à l’échelle des douleurs.
Elle me prend la tension, pas toute, j’en garde un peu, rien que pour moi. Elle voudrait mettre à terre ma tension, elle. Mais c’est moi qui gis, acculé dans les cordes. Je ne vois plus les coups venir. Je les ressens du dedans, en dedans, dedans,
dedans... dedans…dedans…dedans…dedans…
Je n’entends plus le gong qui mettrait fin au combat. Où en est-on ? à quel round on en est ?
Le gong ou le glas ?
On m’antalgique, on m’analgésit, on m’antidolorise.
Repos, entracte, répit.
Et le meilleur coup arrive ; elle multiplie les ombres avant de les évanouir, enfin l’aurore point.
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