3 photos : hommes femmes et enfants de l'Elsau
Au départ je voulais simplement témoigner de la diversité de l'Elsau. Je parle des habitants, des gens, de ceux qui y vivent, travaillent, jouent, vieillissent, vont à l'école ou au jardin, pêchent le matin, emmerdent les autres avec leurs scooters, tapagent nocturnement ou bien sont là, juste là, bêtement là. Le projet s'est imposé de lui même et s'est décliné en trois chapitres, des hommes, des femmes et des enfants.
Je me suis trompé en croyant naïvement que les nuques sont anonymes, On peut y reconnaître des personnalités, des gens connus, des personnages. Il y a des signes de reconnaissance, des signes identitaires, des signes qui révèlent l'individu et pas seulement son appartenance à un âge, à un clan, à une communauté.
Que disent toutes ces nuques ?
Que le quartier de l'Elsau qu'on veut rénover, réhabiliter, écoquartieriser, ce sont d'abord des personnes qui méritent attention, respect, considération. La diversité dit aussi l'importance des différences, les oppositions évidentes ou affichées, parfois même revendiquées et par voie de conséquence la difficulté de vivre ensemble. Les conflits existent, conflits de génération, conflits de territoires, conflits de convictions, conflits de mode de vie, conflits d'intérêts...
Posés ainsi les uns à côté des autres, encellulés comme à la maison d'arrêt, on pourrait croire que tout est en ordre. Ce n'est pourtant pas le cas, les gens bougent, se rencontrent ou s'ignorent, se bousculent, s'interpellent, il leur arrive aussi sans doute de s'aimer. Ils vivent à l'Elsau et dans des rapports qui ne sont pas toujours nécessairement apaisés. Mais ce sera un autre projet.